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Les Mots ou la Vie.

Les Mots ou la Vie.
  • Bienvenue à tous! Je propose sur ce blog une analyse personnelle des textes qui m'ont touchée, et qui j'espère vous toucheront aussi, car "la littérature a pour fonction de révéler à l'homme la dimension universelle qui est en lui". (Armand Abécassis)
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7 novembre 2013

A fight for freedom.

(The White Tiger, Aravind Adiga.)

La liberté peut-elle tout justifier? Doit-on la conquérir sans se soucier des conséquences? Voici les questions soulevées par cette poignante fiction. Aravind Adiga est né à Madras en 1974, et vit actuellement à Mumbaï. Après avoir étudié aux universités de Columbia et d'Oxford, il écrit dans différents journeaux. Au cours d'un programme télévisé, il déclare que des critiques comme Flaubert, Balzac ou Dickens ont largement contribué à l'amélioration des conditions de vie et sociales en Angleterre et en France au XIX° siècle, fournissant ainsi de précieuses indications sur son objectif à travers ce premier roman, qui lui fait remporter le Man Booker Prize en 2008.

 

A l'occasion de le visite du premier ministre chinois en Inde, le personnage principal lui écrit une longue lettre dans laquelle il lui fait part de son parcours hors du commun. Issu d'un caste mineure, né dans le petit village de Laxmangarh sur les bords du Gange, orphelin de mère puis de père, le petit Balram est retiré de l'école, et travaille dans le magasin de thé du village. Quelques années plus tard, il parvient à s'élever hors de sa condition et a acquérir une certaine liberté, mais à un prix qu'il serait difficile d'estimer, au sein d'un pays qui se proclame libre et moderne, ouvert et libéral. C'est ainsi qu'il a l'opportunité de d'observer la société indienne, ses pervertions, ses inégalités, et sa corruption.

Par ailleurs, le titre du roman est notable. Alors qu'il est encore un enfant, le petit Balram reçoit le surnom "le tigre blanc" par un inspecteur de l'éducation, impressionné par son intelligence. L'auteur souligne donc ici l'aspect exceptionnel de son personnage, opposé du "made in china", dévoilant ainsi toute l'ironie du choix de l'auteur quant à la nationalité du destinataire des lettres.

Le principal but de ce livre semble être la représentation exacte de la dureté de la réalité de la vie dans les basses castes, et ainsi de dénoncer les conditions de vie et le sustème politique de l'Inde, à mille lieues des clichés exotiques. L'auteur utilise donc une écriture très crue et violente, avec de nombreuses scènes assez choquantes. Aravind Adiga atteint parfaitement, selon moi, le but qu'il s'est fixé. Le thème des inégalités est de plus un autre des thèmes principaux de ce roman, renforcé par le système des castes en Inde, chaque métier correspondant presque à une caste. Le narrateur nous décrit tout d'abord son pays comme divisé en deux zones qu'il appelle d'une part la "Lumière" que composent les villes riches, où reignent entrepreneurs corrompus et propriétaires en tout genres, et d'un autre côté l'"Obscurité" que compose la campagne, où les membres des basses castes vivent dans des conditions déplorables. Cette appartenance a une classe sociale bien définie semble établir une sorte de fatalité. Le personnage principal déclare non sans synisme: "C'est ma caste, ma destinée." C'est donc en apprenant par lui-même qu'il va parvenir à devenir un self-made-man.

Mais la "Cage à Poules", métaphore exprimant l'enchaînement de la population indienne, semble également être une notion importante. Cette idée présente de nombreux points communs avec la théorie consistant à dire que "la servitude n'existe que parce qu'elle est volontaire" exprimée par la Boétie près de cinq siècles auparavant dans son Discours de la servitude volontaire, témoignant ainsi de l'universalité et de l'intemporalité du thème du pouvoir. Qui plus est, l'état de résignation des gens semble présenter un aspect héréditaire. Chacun des prisonniers de la Cage à Poules devient le gardien de l'autre et l'empêche de s'échaper, la Cage est "gardée de l'intérieur", et l'on doit se battre et mourir pour la liberté. Cet aspect peut rappeler le drame Les Mouches de Sartre. L'une de ses thèses est que l'on ne peut être libre si l'on a des remords. En effet, dans le roman d'Aravind Adiga, Balram se débarrasser de chaque remords qu'il peut avoir. Par ailleurs, la religion est également un acteur d'asservissement. En effet, elle semble avoir pour but de contrôler les esprits en exposant des modèles de personnages dévoués dont tout un chacun va ensuite devoir suivre la conduite. De plus, la plupart des indiens étant seulement "précuits" (ayant reçu une éducation incomplète), un individu appartenant à cette majorité n'a donc pas une réflexion assez personnelle et critique pour se libérer de ces modèles tout droit sortis des ateliers de l'usine à automates d'un régime antidémocratique.

 

Dans ce roman picaresque et fascinant, c'est la société tout entière et ses traditions qui sont décapées. Personne n'est épargné, les coups de griffes sont distribués généreusement, exactement, et précisément. Roman indien sur l'Inde, avec comme ligne directrice le combat entre dominants et dominés, l'impact de son message est cependant universel.

 

 

 

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